Vidange et curage du puit

En pleine canicule, avec les fortes chaleurs et les restrictions d’eau, c’était le bon moment pour penser à notre puit !

Depuis notre arrivée sur le lieu, et avec nos futurs 300 m2 environ de toitures, nous avions pensé à installer des cuves de récupérations de pluie. Mais au hasard des rencontres, nous avons fait la connaissance d’un professionnel d’installation de pompes à eau et de traitement et purification de l’eau qui nous a conseillé de vérifier le potentiel de notre puit avant de commander nos cuves de récupération d’eaux pluviales.

Nous avons fait appel à lui pour pomper l’intégralité de l’eau du puit pour plusieurs raisons :

  • la première, afin de mesurer le temps de remplissage du puit et donc de définir le potentiel de pompage
  • la deuxième, c’est qu’ainsi nous pourrions le curer

Un puits à eau est un ouvrage de captage vertical permettant l’exploitation de l’eau d’une nappe phréatique ou d’une rivière souterraine. L’eau peut être remontée au niveau du sol soit de façon très simple grâce à un seau soit plus facilement grâce à une pompe.

Focus sur les techniques de maçonnerie

Les puits artisanaux étaient creusés à la force des mains par un puisatier. La largeur du puits doit être assez importante pour qu'un homme puisse y travailler, et sa profondeur dépend de celle de la nappe. Une fois le trou creusé, il fallait bâtir la gaine du puits entre le niveau de la nappe et la margelle avec des pierres, en respectant les règles de la maçonnerie (croisement des joints, pose en boutisse*, calage à l'arrière). Les pierres étaient descendues dans un seau ou au bout d'une corde pour les plus grosses.

Boutisse : Pierre plus grande que le moellon, placée en boutisse dans toute la largeur du mur et présentant ses deux bouts en parement.

Une autre technique d'édification de la maçonnerie était également utilisée : la pose progressive du fût maçonné sur une embase ronde appelée "roue" faite d'une solide charpente circulaire en bois, vide en son centre, donc non renforcée par des rayons afin que ceux-ci ne gênent pas le creusement. Au fur et à mesure que les puisatiers approfondissaient le puits, ils creusaient également sous cette roue qui s'enfonçait ainsi progressivement dans le sol en même temps que le chantier et qui supportait le fût de maçonnerie sur lequel des ouvriers postés à la surface rajoutaient des lits de moellons au fur et à mesure de l'enfoncement. Cette technique permettait d'une part d'éviter d'avoir à descendre à la poulie les pierres taillées au fond du puits et, d'autre part, sécurisait le travail des puisatiers en évitant le risque d'éboulement des parois puisque le maçonnage de celles-ci était réalisé au fur et à mesure de l'approfondissement du puits. Dans son Dictionnaire de l'architecture médiévale, Eugène Viollet-Le-Duc mentionne avoir retrouvé au fond de nombreux puits médiévaux ces roues en bois de charpente, assez bien conservées malgré un séjour de plusieurs siècles sous l'eau et qui attestent cette technique de construction. Selon des études archéologiques récentes, cette technique très évoluée de la roue ne semble cependant pas antérieure au XIVe siècle.

Nous n’avons pas trouvé de fameuse « roue » au fond de notre puit, et au vue de la construction du fut de maçonnerie (petites pierres non taillées), notre puit a dû être maçonné d’après la première technique.

 

Désaffection

La généralisation des châteaux d'eau et des canalisations a le plus souvent transformé les puits à eau, que l'on trouvait dans nombre de jardins des domiciles privés et des espaces publics d'autrefois, en ornements désaffectés que l'on a pris soin de fermer d'une grille pour éviter la chute des personnes. N'étant plus entretenus, la plupart sont comblés et pollués par des matières organiques accumulées. Beaucoup de puit ont servis de décharge.

 

Pompage

C’est en fin de compte la partie la plus rapide car il a fallu moins de 20 min pour vider le puit.

Vidange du puit

Vidange du puit

Descente dans le puit : danger !, ou le monoxyde de carbone

Il peut être très dangereux de descendre au fond d'un puits, pour un curage par exemple, lorsqu'on n'est pas un professionnel, non seulement à cause de la proximité de l'eau mais aussi à cause des gaz qui peuvent s'être accumulés au fond. En effet, le fond d'un puits peut être rempli de monoxyde de carbone : premièrement, plus lourd que l’oxygène il se stocke du fond du puit et ne permet plus l’oxygénation, et deuxièmement il est toxique et inodore. Ainsi, dans un premier temps, en l’absence d’oxygène, le puisatier peut s’évanouir, et il s’intoxique ensuite avec le monoxyde de carbone. Traditionnellement, les professionnels descendaient avec une bougie allumée qui, en cas d'absence d'oxygène, s’éteignait et donnait ainsi le signal de la remontée urgente. Il est aussi possible d'utiliser un compresseur qui renouvelle l'air au fond du puits. Dans notre cas, nous avons utilisé notre souffleur thermique dont la sortie était reliée à une gaine PVC déroulée jusqu’au fond du puit.

Curage

Une fois l’eau stagnante évacuée par la pompe, nous avons pu curer la matière organique en décomposition qui s’était accumulée en 30 ans de désaffection. A la suite du puisatier qui a creusé ce puit, nous avons installé poulies, cordes et seaux, Guillaume en bas creusant et curant tandis qu’en surface, beau-papa remontait les seaux et j’étais chargée de les vider. Le puit n’a apparemment pas servi de décharge. Nous avons simplement trouvé une vielle poêle au fond.

Sécurité

Lors d'un curage, il faut absolument éviter de creuser sous les fondations du puits, c'est-à-dire sous le mur ou sous les buses, car le risque d'éboulement est important.

Arrivée d'eau et fond du puit nettoyé
Arrivée d'eau et fond du puit nettoyé
Arrivée d'eau et fond du puit nettoyé

Arrivée d'eau et fond du puit nettoyé

Remplissage du puit

Nous avons suivi avec intérêt le remplissage du puit, en mesurant heure par heure la montée du niveau d’eau. Le résultat n’est quand même pas mirobolant puisque le puit a un débit moyen de 2l/jour. Autant dire que ce n’est vraiment pas suffisant pour alimenter la maison ! Cependant, il faut prendre en compte que le puit n’avait pas été utilisé depuis 30ans, et donc les veines d’eau qui l’alimentent se sont elles aussi surement encrassée. A force de puiser, elles finiront par se nettoyer et le débit peut-être un peu plus important. Par ailleurs, l’essai s’est fait en pleine sécheresse donc on peut également imaginer que le débit de la rivière souterraine était lui aussi réduit.

En tout cas, le plus positif s’est que le puit n’était pas tari, et que même s’il ne peut alimenter la maison, il pourra être puisé pour arroser le jardin.

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